Benoît Illinger de Coodio

Interview du 16 janvier 2020, réalisée par rOmain Thouy

31ème article d’une série d’interviews réalisés sur la gestion de l’innovation dans le domaine des industries créatives (jeux vidéo, films d’animation) de la région Occitanie.

Benoît Illinger, pilote du projet Coodio, le futur cluster Audio, Radio et Voix français. Coodio est un projet de coopérative rassemblant des acteurs de la radio, de l'audio et de la voix de tout type : radios, éditeurs de contenu, fournisseurs d’outils, studios, start-up (appli, podcast, hifi…), formations, recherche et institutions du secteur qui souhaitent s’engager dans une démarche partenariale.

Formation : DEA d’économie politique internationale

"Avant de piloter le projet Coodio, pendant 10 ans, j’ai accompagné les entreprises à s’installer sur le sol montpelliérain pour le compte de Montpellier Méditerranée Métropole. A travers cette mission, j’ai été amené à rencontrer de nombreuses entreprises, dont certaines du domaine des industries créatives. Toutes ces entreprises revendiquaient, en terme d’environnement, des besoins d’implantation très particuliers. ”

"C’est lors de ces rencontres, qu’il y a 5 ans, a germé l’idée de la cité créative, c’est-à-dire la création d’un lieu dédié aux industries culturelles et créatives, qui réunirait à la fois des écoles pour la formation, des entreprises et leurs sous traitants, des startups pour l’innovation, des indépendants, des services spécifiques, des réseaux d’affaires, et, bien sûr, cet espace serait animé par des événements en lien avec ce secteur très culturel. ”

"Il y a 2 ans, dans le cadre du projet de la cité créative, j’ai rencontré Vincent Benveniste et Anthony Savelli de Radio Act alors qu’ils étaient en train de racheter Netia (éditeur mondial de logiciel d’automation pour la radio, utilisé chez Radio France, RTBF, etc.). Au cours de nos échanges, nous avons réalisé que l’audio était un dénominateur commun à toutes ces industries créatives, comme le cinéma d’animation et le jeu vidéo. De ce constat partagé a émergé alors l’idée de créer un cluster de l’audio, de la radio et de la voix. Même si aujourd’hui il existe plus de 400 clusters et 56 pôles de compétitivité en France, il n’y en aucun sur l’audio ! ”

"Avec un premier cercle rapproché de partenaires, comme Audio WorkShop, Netia, Radio Act, des radios locales comme Radio One, France Bleu Hérault, nous avons eu envie de nous fédérer en cluster en lien avec les industries culturelles et créatives et la cité créative. Nous avons tout un écosystème très riches sur lequel s’appuyer (nationalement par notre réseau mais aussi localement avec des radios iconiques somme Clapas ou Divergence, avec des sociétés comme Radioshop, Two notes, Soledge, Mediameeting, avec des studios comme Tomato Sound, Saraband postprod, Kiwi records, ou encore des artistes comme Christophe Héral…) Nous allons rapidement développer des projets collaboratifs et à terme, sans que ce soit le cœur du projet, construire un bâtiment dans la cité créative : un travail est en cours avec les partenaires et les architectes pour développer ce lieu, dans le but de mutualiser des studios d’enregistrements et de radio, des espaces de convivialité, des espaces pour les entreprises.”

"L’ADN de ce projet, c’est la coopération ! Chaque partie prenante sera au capital et partagera les ressources et les locaux avec ses pairs. C’est pour cela que nous venons de lancer l’association qui va permettre de co-construire la future coopérative pendant l’année qui vient. ”

J’ai interviewé Benoît pour le webzine Lokko, et je vous propose de regarder la vidéo en suivant le lien suivant.

Benoît, tout d’abord, comment définis-tu l’innovation dans ton domaine?

C’est tout ce qui est différent d’hier. Pour Coodio, l’innovation se trouve surtout dans l’organisation, la gouvernance que nous allons avoir, c’est-à-dire dans la façon que nous avons de constituer une coopérative pour casser les silos, comme j’aime le répéter. Les gens de l’audio ne sont pas concurrents les uns avec les autres mais se renforcent ensembles.

Avec Coodio, l’innovation viendra du croisement de tous ses acteurs et de leur travail collectif, par la collaboration et le partage des expériences des uns et des autres et par la mise en réseau.

La forme même de Coodio est innovante. Ce cluster permettra la réalisation de projets de collaboration entre des structures de formation, des entreprises et tout l’écosystème des industries culturelles et créatives de la cité créative.

Comment est portée l'innovation chez Coodio ?

Nous sommes accompagnés par un de nos partenaires, LAB’S 214, et par des experts comme Véronique Boudaud, spécialisée dans l’étude des nouveaux systèmes innovants. Nous avons fait récemment un atelier de 2 jours de Design sprint, animé par Lab’s 214. L’objectif était de sortir notre landing page, celle qui résume l’offre de service de Coodio, qui explique ce que nous sommes et ce que nous voulons être. Nous étions une dizaine dans l’atelier, avec des profils variés, issus de studio de post-production audio et de studio d’enregistrement, d'un éditeur de logiciel, de Radio Act, le principal financeur de Coodio aujourd’hui, ainsi que des participants, à distance, du secteur de la formation.

Allez Benoît, tu peux m’en dire un peu plus sur vos démarches ?

Nous avons l’intention de dynamiser la coopération, favoriser la collaboration et nous allons nous entourer des bons partenaires pour continuer à entretenir cette dynamique dans nos futurs ateliers. L’objectif est de réaliser à chaque fois des micro livrables que nous pouvons mettre en oeuvre immédiatement. Le design sprint que nous avons fait récemment était extrêmement stimulant pour le groupe, il a permis de créer du liant dans le groupe, qui était composé de profils très différents, comme des chefs d’entreprise qui ont l’habitude de suivre leur vision et d’être leur propre décideur. Il a fallu se mettre d’accord et converger. La méthode de Design sprint est bien adaptée pour ce type de travail.

Pour nourrir tous ces travaux, même si je fais de la veille classique avec des google alerte, ou en lisant des revues spécifiques, je suis assidûment la newsletter incontournable de Radio France “hyperradio” sur l’innovation dans ce domaine.

Et puis surtout, je privilégie le contact humain et je rencontre, en présentiel, beaucoup de personnes. Dernièrement, j’ai rencontré le directeur de la communication de l’INA qui me confirmait que c’était la bonne méthode de présenter le projet comme je le faisais, pour ensuite le relayer sur les réseaux, et pas l’inverse. Et pour preuve que je vais continuer à aller dans ce sens, il y aura de plus en plus d’événements comme le petit dej’ de la presse du mardi 21 janvier.

Je participe aussi à des salons (comme le salon de la radio à Paris ou le Radio Tour à Toulouse). Je suis allé au club audiovisuel de Toulouse, qui propose des petites conférences aux petits oignons, extrêmement bien préparées par d’anciens professionnels du monde de l’audiovisuel : j’en avais suivi une passionnante sur le DAB+, la technologie numérique de la radio.

Un petit scoop, sur le futur proche ?

Plusieurs même !

Nous lançons cette semaine les adhésions à l’association, c’est une étape. Le rôle de l’association sera de mettre sur pied les statuts de la future coopérative Coodio. En parallèle, nous avons, en Mars, plusieurs temps forts avec le monde de la postproduction (avec Audio workshop notamment) ou encore une conférence aux ateliers google avec le Cifap et des intervenants de renom sur le podcast (17 mars). Nous avons aussi un projet d’expérimentation avec Biyotee et des radios locales, un festival en mai avec France Bleu et de nombreux partenaires Coodio … Bien sûr nous aurons aussi le dépôt du permis de construire du futur bâtiment dans la cité créative et la rencontre de nouveaux partenaires… Un programme très riche à venir où tout les énergies et collaborations sont les bienvenues !